22/10/2025
Il est un anniversaire pratiquement passé inaperçu et que pourtant tout le monde connaît : la promulgation de la loi de 1905, dite loi de séparation de l’église et de l’État. Cette loi a 120 ans cette année. Quel rapport, me direz-vous, avec la vie communale et plus largement avec notre actualité nationale ? En réalité, plus qu’on ne l’imagine ...
Cette loi et la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » ne sont pas deux éléments isolés de l’histoire française : ils forment, ensemble, le socle d’une conception républicaine de la vie commune.
La loi de 1905, en instituant la neutralité de l’État à l’égard des églises garantit la liberté de conscience, et rend possible l’exercice libre des croyances tout en préservant
l’indépendance de la sphère publique. C’est le concept de laïcité, comme moyen de garantir la liberté des citoyens dans une société pluraliste. La devise républicaine, quant à elle, énonce les finalités morales et politiques auxquelles la nation doit répondre.
Qu’en est-il de cette devise dans notre société actuelle ?
La liberté est revendiquée d’abord comme individuelle (liberté d’expression, de conscience, de circulation). Or, nous avons le sentiment que de nombreuses lois entravent nos libertés (lois sur la sécurité, l’état d’urgence, la protection des données, les réglementations et normes multiples...). L’équilibre entre libertés et contraintes est constamment discuté et parfois remis en cause ...
L’égalité devant la loi est un principe constitutionnel, mais l’égalité réelle (économique, sociale, d’accès à l’éducation ou à l’emploi) reste très inégale. Bien que l’État, par les
politiques publiques, joue un rôle central (redistribution, services publics, politique d’éducation ...), les inégalités persistantes montrent les limites des lois seules : héritage social, discriminations à l’embauche, inégalités hommes / femmes, etc.
Reste la Fraternité. C’est le volet le plus “humain”. Elle se manifeste dans la société par les associations, le bénévolat, l’engagement local (c’est le moment !). La fraternité est à notre portée car elle se vit au quotidien et commence déjà avec notre voisinage. Cette dimension, moins associée à la laïcité, en est pourtant le cœur. La fraternité appelle à la solidarité, à l’esprit civique, au respect mutuel et à la recherche d’une cohabitation harmonieuse qui dépasse les appartenances religieuses, sociales, politiques.
En définitive, la loi de 1905 n’est pas figée, c’est un instrument républicain. Elle invite à une pratique qui protège les libertés, assure l’égalité et cultive la fraternité. En ces temps troublés de la vie politique française, où nous sommes contraints d‘assister au triste spectacle des batailles de partis pour le pouvoir d’individus avant l’intérêt du pays, peut-être qu’il nous appartient, chacun ici et maintenant, de continuer à appliquer ces principes pour que la devise républicaine ne soit pas une formule oubliée sur le fronton des mairies, mais une réalité partagée ? Ce serait une bonne leçon pour nos élus nationaux !
Martial HIRTZEL
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